Alfred Labouchère (1840-1875), arrière-petit-fils de Christophe-Philippe Oberkampf, continue le projet de sa mère Nathalie Mallet (1813-1884) de collecter les souvenirs de la manufacture de Jouy. Il utilise pour ce faire les mémoires de son grand-oncle Gottlieb Widmer (1778-1863), neveu et collaborateur de Christophe-Philippe, ainsi que des archives familiales. Parmi elles, des notes rédigées par Oberkampf en personne témoignant d’événements inédits. Ce fut le cas d’un jour d’août 1810, où Christophe-Philippe se rend au palais impérial de Saint-Cloud pour un « déjeuner en tiers » avec Napoléon et son épouse Marie-Louise d’Autriche. L’indienneur, coloriste dans l’âme, remarque que les dames de service portent des tuniques couleur amarante. Il rapporte que cet entretien très cordial, au cours duquel il prit plaisir à converser en allemand avec l’impératrice, fut l’occasion pour l’empereur de poser une foule de questions sur l’industrie de l’étoffe imprimée autant que sur la stratégie commerciale de Christophe-Philippe.

Napoléon s’appuie sur l’expérience de l’entrepreneur, dans le contexte du blocus continental, pour peser les mesures relatives à l’embargo et aux tarifs douaniers qui comptent parmi les armes qu’il emploie dans la guerre économique menée contre l’Angleterre. Christophe-Philippe relève les traits d’esprit de l’empereur et ses mots prouvent l’admiration qu’il lui voue. Alfred Labouchère prend soin de transcrire cette note retrouvée en 1855 dans les archives de la manufacture, qui nous parvient aujourd’hui grâce au manuscrit de l’ouvrage conservé au Musée de la Toile de Jouy.